La grenouille au fond du puits, workshop POOL CH, Albert Muda, novembre 2022, video stills © Guillaume Robert.

Le projet depuis 2022

En 2022, le projet reçoit le soutien de la commune de Sergy, qui s’engage à acquérir la parcelle et la mettre à disposition de l’association au moyen d’un bail emphytéotique. La Petite Forêt s’articule en effet à une vision plus globale d’aménagement écologique du territoire communal portée par l’équipe municipale. Malgré la complexité du processus d’acquisition de la parcelle C990 qui a retardé la possibilité d’agir directement sur le terrain, l’équipe bermuda lance donc le coup d’envoi du projet La Petite Forêt.

Un recensement paysager systématique de la flore des abords des ateliers bermuda a été réalisé par Tiphaine Abenia (Christophe Hutin Architecture), en collaboration avec Maxime Bondu et Timothée Bernard au cours du printemps et de l’été 2022. Ce recensement vise à mieux cerner la composition et l’état de la flore présente sur le terrain et à ses abords.

En octobre 2022, un chantier collectif, mené à l’occasion du workshop “La grenouille au fond du puits” avec des étudiant·e·s de la HEAD—Genève, de l’ECAL et de l’EDHEA Sierre, aménage un puits, ainsi qu’une passerelle desservant la future forêt-jardin.

Le projet a également été nourri par l’accueil en résidence de trois artistes associé·e·s au jardin (Mélina Faka ; Marie Preston ; Grégoire Motte), dont la pratique et la production d’œuvres ont non seulement résonné, mais également contribué à la connaissance ou au devenir de la parcelle.

En 2023, les choses se sont compliquées. Alors qu’un compromis de vente était sur le point d’être signé entre la commune et les propriétaires du terrain, l’exploitant de la parcelle, pourtant partie prenante du processus de vente, a fait usage de son droit de préemption sur le rachat de la parcelle en avril 2023, mettant en péril deux années de travail et de négociations. La situation relative au changement de propriété du terrain s’est doublée d’importants changements au sein de la mairie de Sergy, qui ont entraîné le retrait de la commune du projet.

Malgré ces retards à pouvoir faire usage du terrain, nous avons mené, tout au long de l’année 2023, une action soutenue, avec la tenue de plusieurs Conseils des jardins, l’accueil en résidence d’artistes associé·e·s au jardin (Célia Picard et Hannes Schrekensberger ; Elouen Bernard ; Camille Sevez et Déborah Bron), ainsi que la tenue de Terradia, ateliers collectifs de fabrication de jarres d’irrigation à l’occasion de la BIG 2023 à Genève.

Suite aux obstacles survenus en 2023 au sein du processus d’acquisition de la parcelle qui devait accueillir le projet en première instance, l’équipe, privée aujourd’hui du soutien municipal dont elle bénéficiait jusque-là, a malgré tout poursuivi, au cours de l’année 2024, son travail de fond en vue de l’achat, en direct, de la parcelle auprès de son nouveau propriétaire. Tout au long du processus notarial de rachat, nous avons ainsi œuvré à maintenir des contacts réguliers avec le futur nouveau propriétaire dans l’optique d’acquérir un hectare de la parcelle C990, ce dernier nous laissant entendre à chacune de nos discussions qu’il n’était pas fermé à cette idée. Néanmoins, en septembre 2024, une rencontre a eu lieu sur le terrain, au cours de laquelle il a plus précisément fait état de son intention de conserver l’intégrité de son patrimoine foncier. Pour autant, il a également verbalisé son ouverture à un échange de terres : si nous sommes en mesure d’acheter un hectare de terrain agricole ailleurs, il s’accorderait à nous l’échanger contre un hectare de la parcelle jouxtant les ateliers. Nous avons ainsi mené des recherches en ce sens au cours de l’automne 2024 auprès d’exploitant·e·s et de propriétaires terriens des environs, recherches qui se sont révélées infructueuses et plus compliquées que nous pouvions l’imaginer.

En 2024, privé·e·s de terrain, en plus des résidences des artistes associé·e·s au jardin (Uriel Orlow ; Mélanie Métier et Anaïs Cab), nous avons œuvré à diffuser et faire rayonner le projet La Petite Forêt hors-les-murs. Ainsi, l’exposition Une clameur, commissionnée par Max Bondu, Bénédicte Le Pimpec et Guillaume Robert, a offert de nombreux échos, prolongements, ainsi qu’une visibilité certaine au projet de La Petite Forêt, notamment à travers l’exposition publique d’œuvres et de démarches coproduites depuis 2022 par le financement Carasso, notamment les œuvres de Célia Picard et Hannes Schrekensberger ; la proposition curatoriale de LB Plants, ou encire une conférence de Marie Preston autour des pratiques boulangères au levain. L’exposition Hors-Sec, présentée à L’Espace Enchanté (Yvoire) d’avril à mai 2024 en partenariat avec Alliance internationale pour la gestion de l’eau de pluie (IRHA - Genève), a également été l’occasion de présenter publiquement les jarres d’irrigation produites dans le cadre de l’atelier Terradia, regroupées pour l’occasion sous le titre Les abreuvoirs.

Au regard de ces difficultés persistantes dans le processus d’acquisition du terrain, nous avons fait le choix de considérer ces dernières comme un terrain de réflexion à part entière, en vue d’interroger le rapport que nous entretenons collectivement au sol au sein d’un contexte où l’urgence à transformer les pratiques et les usages se heurte bien souvent à l’inertie des structures en place. Nous travaillons aujourd’hui à une seconde hypothèse en lien avec la communauté de communes Pays de Gex Agglo, en vue de la mise à disposition via un bail emphytéotique d’un terrain en friche (7000m2) attenant aux ateliers.